23 février 2006

Est-ce que le fait de poser des questions, de douter de certaines façons de faire correspond à un essoufflement? Peut-être mais pas nécessairement!

Depuis que j'ai commencé le processus de la réforme, on m'a souvent "formé" ou plutôt on a essayé de me "déformer" puisque j'ai appris, comme la majorité des enseignants qui enseignent présentement, dans un "autre système". Encore là, ce n'est pas mauvais ! Mais encore faut-il que l'on puisse échanger souvent et qu'on consulte aussi non? Quand m'a-t-on consulté sur le "comment je vis la réforme"? Fera-t-on une évaluation après la première secondaire? J'en doute! En première secondaire, nous avons eu 2 années de "formation" avant d'implanter la réforme.....Les enseignants de deuxième secondaire en ont-ils eu autant? Pas à ma connaissance!

Ce n'est pas que je n'y crois pas! Au contraire, j'y crois à cette réforme, à ce renouveau pédagogique! Mes élèves (et les élèves de toute la province tant qu'à y être!) en profiteront.....Mais me donne-t-on les moyens, les outils afin de bien réussir? Je ne suis pas si certain que cela! C'est comme cela quand on se retrouve dans une grande boîte comme le MÉLS! Dans bien des institutions, quand on commence quelque chose, on s'arrête rarement pour réfléchir et/ou se questionner sur le bien-fondé des pratiques pédagogiques. Les écoles veulent donner une "autonomie professionnelle" mais quand une école a une vocation particulière, ou qu'elle a un projet éducatif avec une couleur "locale", les directives pleuvent sur ce qu'on doit faire, comment on doit le faire (par exemple, doit-on faire des bulletins ordinaires, hybrides ou complètement réforme?, doit-on donner des examens sommatifs ou non y compris des examens synthèse afin de montrer aux parents ce que leurs jeunes peuvent faire ou ont appris?, etc.). Et alors? Où est l'autonomie professionnelle et le bon jugement du prof? Dans un tel contexte, comment demander aux enseignants de vivre la réforme le plus possible sans trop défaire ce qui était préalablement là parce que finalement ça marchait bien notre affaire avant?

On veut ménager la chèvre et le chou! On ne veut pas jeter avec l'eau du bain! Je pourrais utiliser plein d'expressions qui traduisent notre propre malaise vis-à-vis une réforme qui n'a pas été bien expliquée en profondeur au monde (parents, élèves et milieu scolaire). On a fait comme avec les "mégafusions"! On l'a fait mais sans trop expliquer le bien-fondé de la chose! Et là, on se demande pourquoi les personnes "chiâlent" tant, pourquoi les gens veulent défusionner, pourquoi les gens ne veulent plus de la réforme!

Pourtant, avec le moindre effort de recherche, de lecture, on découvre que le renouveau ne tombe pas du ciel! Mais on a érigé un "non-système" en faux contre un ancien système! On impose un "nouveau système" (c'est comme cela que plusieurs le perçoivent!)! Comme les enseignants sont des êtres insécures et par conséquent, les changements ne sont pas bien perçus, plusieurs disent qu'ils vivent la réforme alors qu'il font semblant de la faire et appliquant les mêmes façons de faire qu'avant! En faisant semblant, ils se protègent mais nuisent au bon déroulement du renouveau...ils n'en vivent même pas de renouveau!

Lorsque je dis que j'ai de la difficulté à maintenir le rythme, c'est que je dois faire plein de choses (comme avant et comme la réforme!). Je dois contenter le plus de monde possible! Et ça je ne suis pas certain que les personnes qui sont dans ce milieu (ou ceux de l'extérieur du monde de l'éducation tant qu'à y être!) voient toutes les implications, toutes les péripéties que nous devons faire afin de "remplir les mandats que nous avons", ceux des écoles où nous sommes, ceux du MÉLS, ceux des parents!

Je suis dans la dernière moitié de mon année scolaire et je n'ai même pas eu les échelles de compétences pour ma discipline. N'est-il pas difficile de faire des Situation d'Apprentissage et d'Évaluation sans vraiment savoir si l'évaluation que nous en ferons sera juste et adéquate? C'est comme si un policier ou un avocat essayait de faire respecter une loi sans savoir ce que cette loi contient! On connaît le principe de cette loi mais pas ses tenants et aboutissants! Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut défendre cette logique? On a mis la charrue devant les boeufs et on ne veut pas l'avouer! Et ce qui me dérange dans tout cela, c'est qu'on va me dire que je ne crois pas à la réforme!

Pourtant, je veux que mes élèves réussissent, que mes élèves sachent quoi faire dans la vie, donc, qu'ils savent se servir de ce qu'ils ont appris afin de transférer leurs connaissances! Et qu'ils les utilisent dans les bonnes circonstances! Bref, je désire que mes élèves deviennent et soient compétents!

En guise de conclusion à ce billet, j'aimerais partager un petit cadeau que ma sage et tendre grand-mère m'a donné en cadeau le jour de mon embauche comme enseignant il y a de cela 16 ans. Il s'agit d'une petite prière: "Je veux enseigner à mes élèves comment vivre cette vie sur la terre, comment envisager ces luttes et ces conflits et savoir en tirer profit, pas seulement une leçon dans un livre ou enseigner comment coulent les rivières mais comment choisir le bon chemin, peu importe où ils veulent aller ; si j’ai aidé le monde à grandir dans la sagesse et la paix, je saurai que j’ai gagné et que j’ai bien rempli mon rôle. Aussi, je vous demande, Seigneur, d’être mon guide afin que je puisse faire ma part pour qu’ils obtiennent la force morale, la confiance et la joie du cœur."

Toutes les SAE de ce monde doivent tendre vers ce qui est le plus important, la réussite des élèves, selon les forces et les compétences des enseignants. Si ce n'est pas cela une compétence, qu'est-ce alors?

Enfin, on commence à se dire des vraies affaires! Ne reste plus qu'à s'écouter et à écouter les autres!

14 février 2006

Avec toute la bonne volonté, j'ai failli à ma tâche d'entretenir la blogosphère sur ce qui me tient le plus à coeur: les jeunes! J'en suis désolé!

J'ai quand même lu plusieurs sites et blogues qui traitent de l'éducation et de la réforme! Ce qui m'a quand même dérangé, c'est qu'en me comparant avec ceux qui écrivent dans leurs pages: Est-ce que ceux qui écrivent (j'entends ici les spécialistes de l'éducation vivant quelque peu en marge du quotidien de la classe) leurs pages se rappellent réellement ce que c'est qu'enseigner à plusieurs? Comment peut-on réellement et efficacement s'assurer de la validité de l'évaluation lorsque nous avons des groupes de 30 à 36 élèves, dans mon cas, c'est 35 élèves! Comment faire des observations adéquates basées honnêtement sur ce que les élèves devraient faire, apprendre et "retransmettre" dans le contexte d'une tâche intégratrice? J'essaie tant bien que mal de réussir mais je ne suis pas certain que j'y arrive!

Comment peut-on demander à des enseignants de première secondaire qui expériment la réforme d'évaluer, même si nous utilisons les critères fournis par le MÉLS, de façon "uniforme" dans son sens le plus large et englobant quand nous n'avons même pas les échelles de compétence? Nous, des écoles privées, les honnis du système public, devons prendre les moyens afin d'évaluer, en respectant les critères de notre Collège, ceux du MÉLS (qui sont très vague!) et selon notre "bon" jugement!

J'essaie de m'y conformer mais je ne peux pas maintenir le rythme comme cela jusqu'à la fin de l'année. Je me sens peu soutenu par le milieu de l'éducation. J'ai l'impression qu'on me dit: Essaye pour nous et nous verrons si c'est bon! Ayant rencontré plusieurs enseignants qui "appliquent" la réforme cette année, nous ne pensons même pas la même chose des compétences qui sont inclues dans notre propre programme. Imaginez les autres enseignants des niveaux supérieurs qui nous regardent aller et sont inquiets pour leur propre santé "mentale et physique". Nous aimerions à l'intérieur même de notre école nous rencontrer entre enseignants du même niveau mais nous ne voulons pas manquer de cours car nous nous sentons trop désemparés et nous ne voulons pas nuire aux jeunes. Est-ce comme cela que nous devrions vivre cette réforme? On a voulu changer les façons de faire en éducation mais sans véritablement donner les moyens pour y arriver! Avant d'entreprendre ce genre de virage, il serait peut-être mieux d'éduquer à ce changement!

Quand prendrons-nous les enseignants pour des vrais professionnels et qu'ils puissent avoir une vraie autonomie professionnelle? Pour l'instant, je me sens davantage comme un cobaye, de la chair à canon pour ceux et celles qui ne veulent pas que la réforme, pardon le renouveau pédagogique, réussisse.

Désolé si je suis désordonné dans ce billet mais j'essaie moi-même d'y voir clair et le fait d'objectiver, c'est-à-dire de jeter devant soi, mes idées me permet de construire mon propre savoir sur le sujet. C'était ma séance de brassage d'idées!

29 octobre 2005

Pour commencer ce petit billet, une question: Est-ce normal d'être fatigué à ce point après 2 mois d'école?

Je regarde mes collègues et j'ai la nette impression que je ne suis pas seul dans cette situation!!! Évidemment, on peut dire que la réforme (ou plutôt le renouveau pédagogique) signifie effectuer des changements, de nouvelles approches, faire des essais. J'ai un collègue qui m'a déjà dit dans un élan philosophique que nous n'avions pas besoin d'une réforme pour changer nos stratégies pédagogiques!?!

Cependant, même si j'aime ce que je fais, je cours après mes journées, j'utilise une partie de mes nuits de sommeil afin d'être prêt à faire face à mes jeunes. Non pas que je me doive de tout savoir mais au moins que je sache ce que nous ferons, vers quoi nous devons tendre et quels savoirs essentiels seront vus dans nos situations d'apprentissage! Est-ce que nous prenons trop à coeur ce que nous faisons? Probablement que oui! Est-ce que parce que nous avons peur des changements qui arrivent? Certainement pas! J'ai vraiment l'impression de revivre ma première année d'enseignement.....Au moins, j'ai l'expérience. Mais, diantre que c'est épuisant!

Je suis content d'une chose: les élèves semblent apprécier ce qui se fait en classe! C'est déjà énorme!

J'essaie de faire du mieux que je peux (c'est tout ce que je peux faire de toute façon!) et les élèves le ressentent, enfin je l'espère!

De plus, j'essaierai de nouvelles approches afin de varier mes stratégies. Y a-t-il quelqu'un qui a essayé de créer des blogues dans le but de "publier des réflexions d'élèves" ou des travaux d'intégration?

J'aimerais utiliser un blogue en science et technologie d'abord car je trouve que ce que les élèves ont à dire est important et j'aimerais montrer ce que les jeunes pensent d'un aspect des activités humaines en lien avec des connaissances scientifiques et technologiques ! J'ai l'impression (en fait, j'en suis convaincu!) que les jeunes ne sont pas pris au sérieux et qu'on ne tient pas compte de ce qu'ils ont à dire! En publiant leurs travaux de réflexion sur un sujet donné, ils auront la possibilité d'être lus, et même d'être commentés!

Même si mes élèves sont en première secondaire, je veux qu'ils apprennent à communiquer ce qu'est la science et surtout comment eux peuvent s'y intéresser et s'y retrouver en tant qu'individu engagé dans le monde! La science ne se fait pas à côté ou en dehors du devoir de citoyen! Science et citoyenneté! Ça serait un beau titre de cours, ne trouvez-vous pas?

16 octobre 2005

Après un mois et demie d'école, je m'aperçois que les individus ne veulent pas (ou n'ont tout simplement pas le temps!?!) de discuter de ce qu'ils vivent!! Je sais que ce n'est pas vrai mais c'est l'impression qui se dégage!

Les enseignants ne semblent pas avoir le temps de souffler, encore moins de discuter de ce qu'ils vivent! J'insiste sur cela car on pourrait peut-être conclure que les gens ne veulent pas ou que ce n'est tout simplement pas dans leurs habitudes!! La plupart des enseignants ont été formés d'une certaine façon (je ne veux pas dire de le vieille manière!). Or, nous avons été également placés dans un contexte où nous devions nous débrouiller seul. Ce qui implique que l'aspect coopératif de l'éducation, ou si vous préférez la collégialité, a souvent pris le bord.

Je crains que nous retombions dans l'éternel refrain: Je suis en retard dans ma matière ou quelque chose du genre!

C'est à ce moment-là que la réforme manquera le bateau! Les opposants à cette réforme diront: On l'avait dit!

Comment peut-on stimuler les échanges? Comment peut-on vaincre et venir à bout de l'individualisme dans le monde de l'éducation alors que par défaut, ou par définition, il s'agit d'une endroit où l'individualisme n'a pas sa place et que la collégialité, l'entraide font croître les jeunes (ainsi que les éducateurs!)?

À qui la faute? Qui devrait jouer son rôle de leader, de meneur de jeu? Le MÉLS? Il est bien trop loin des gens! Les directions d'écoles? Les syndicats? Toute organisation est trop portée à ne faire avancer que ses propres intérêts!

Reste donc des individus, des gens ordinaires qui ont à coeur les enfants! Ça peut être un directeur, un enseignant...Mais peut-on s'entendre pour dire que ça prend des gens influents, passionnés par les jeunes et ses éducateurs, qui doivent prendre les devants et assumer le rôle de leader. Et ce ou ces leaders pourraient permettre des lieux d'échanges, de rencontres où les divers acteurs échangeraient sur leur vécu (pas seulement sur les idéologies!), les bons coups et les moins bons coups tant du point de vue pédagogique, qu'administratif. Car, il faut se l'avouer, dans une école, les bons coups peuvent venir d'une structure établie favorisant le développement et l'épanouissement de son personnel. Et du même coup, donner un coup de pouce à des pratiques pédagogiques innovatrices ou moins orthodoxes.

Je rêve du jour où les échanges déborderont des journées pédagogiques et qu'ils s'immiscent dans notre quotidien, là où nous sommes vrais. Un jour, une sage professeur à l'université m'a dit: En éducation, il est important d'être conséquent et congruent! Avec la réforme que nous vivons, il serait sage de retenir mais surtout de vivre ce conseil! Quand on tient aux jeunes, c'est le début de tout!

08 octobre 2005

Sur un autre ordre d'idée: comment cela se fait-il que je suis assez professionnel pour diriger mes classes, pour prévoir mes évaluations, pour choisir mes moyens et stratégies pédagogiques mais quand vient le temps d'évaluer dans une négociation provinciale, tout à coup, je deviens plus un fonctionnaire qu'un professionnel? C'était ma session de défoulement! Désolé!! Je partage cette frustration mais surtout je donne l'opportunité et/ou le mérite à quelqu'un de répondre et surtout d'apporter de nouveaux éclairages et idées qui m'auraient échappé!

Suis-je dans le champ en disant cela?

Je place ce billet à cet endroit même si je l'ai fait dans les commentaires du précédent billet!! Comme cela, les fils RSS prendront cette nouveauté!

J'essaie de m'imaginer comment sera ma fin d'étape ou même ma fin d'année!!Je sais pertinemment que je me rendrai comme tous les autres enseignants du Québec de première secondaire à la fin de l'année....Cependant, comment cela se fait-il qu'il n'y ait pas d'endroit où les enseignants ou les gens préoccupés par l'éducation et/ou la réforme se retrouvent? Y a-t-il quelqu'un en quelque part qui pourrait apporter de l'eau au moulin?

Présentement, dans mon cas du moins, ce n'est pas le bien-fondé de la réforme qui me tracasse puisque je suis assez convaincu de ce que cela peut représenter.....Enfin, je l'espère.

Mais, je maintiens ce que j'ai demandé dans mon message précédent!

Comment peut-on prévoir des SAE sans qu'on ait des indications sur la façon d'évaluer? Si on fait cette réforme, est-ce qu'il n'aurait pas fallu penser à ces "petits" détails AVANT d'embarquer dedans?

L'éducation c'est beau mais pas quand on le fait en improvisant!! Je sais que tout n'est pas improvisation mais.....parfois c'est ce qui semble en ressortir! Qu'en pensez-vous?

15 septembre 2005

Bonjour!!

Voici le premier commentaire de ce petit blog!! Je sais pertinemment qu'il y en a beaucoup mais c'est pour moi un plaisir de pouvoir échanger des idées avec d'autres sur le monde de l'éducation, sur la réforme que nous vivons au Québec ou toute autre expérience , idée, souhait, qui pourraient être partagés!